UTV : Crêtes, bouquetins, alpages et hauts plateaux
Vendredi 10 septembre, 8h11 du matin… Saint Pierre des Corps, l’intercités n°4406 en provenance de Nantes et à destination de Lyon Perrache entre en gare, éloignez-vous de la bordure du quai. Muni de mon Forclaz 500, rempli à balle, et d’une excitation non dissimulé je m’installe dans la voiture 3 à la place 78 côté fenêtre. C’est bon, c’est reparti, cette passion qui m’enflamme le temps et l’esprit depuis une petite quinzaine d’année est de nouveau sur les rails. Serait-ce les prémisses de la fin de cette pandémie, j’ose l’espérer. Le nouveau Mélissa Da Costa, m’accompagne tout au long du voyage, un hymne à la nature qui nous réconcilie avec la vie… La nature en fil rouge de ce weekend.
6h plus tard, gare de Voiron, Votre attention s’il vous
plaît, prenez-garde à l’intervalle entre
le marchepied et la bordure du quai. Je débarque chez mon télétravailleur de
frangin. On prépare le van sublimé par son surfeur solaire se dodelinant aux moindres
irrégularités de la chaussée. Direction Autrans dans le Vercors pour le 10ème
anniversaire de l’UTV. Un sacré morceau…
L’attrait majeur de ce Trail, en dehors du fait qu’il ait lieu dans la
magnifique région du Vercors (où j’aime sauter à l’élastique), est que la trace
et donc le profil change tous les ans. Des amis nous racontaient dernièrement
leurs vécus touchant sur l’UTV :
« Abandon à 10 km de l’arrivée crépi
de crampes » ou encore
« Imagine, 1km en 40’. »
Des arguments qui font mouches, aiguisant l’envie de m’y frotter à mon tour. 85 km pour 5000 D+. Pas
de plan sur la comète, seul l’envie, tel un caprice, d’en profiter, d’admirer,
l’endroit est reposant. Après le briefing, le parking du Vercors Accrobranche Aventure nous accueille pour une courte nuit.
UTV – acte1 « Les douces retrouvailles »
Réveil 4h, on a vu un peu juste, tout va trop vite. En roulant, je re-décore délicatement
le flanc droit du van en me brossant les dents. Désolé Broth’ !!
Je pars vraiment tranquillement, la température est clémente. On rejoint
Méaudre à travers bois, les premières ascensions permettent un réveil en
douceur. Le soleil daigne se dévoiler à proximité de Corrençon, dévoilant les
hauts plateaux, ceux vers qui tous nos espoirs se tournent. Nous y serons dans
10km pour environ 1000 D+. Dès les premiers hectomètres je prends le pas d’un
charmant marseillais avec qui nous papotons de tout et de rien, mais surtout du
bonheur de retrouver ces sentiers balisés, de repartager notre passion commune
tous ensemble. Les bouquetins apparaissent en tant que maîtres des lieux, en
clair-obscur le long des crêtes.
UTV – acte 2 « Le coup de bambou »
Après avoir contourné la Grande Moucherolle on attaque la montée vers le sommet
de la station de Villard, côte 2000 (qui se trouve être à 1700 !!). Ce
passage qui se devait plaisant, agréable, coulant s’est avéré cruel, harassant
et lourd de conséquences. Fracassé par une belle insolation…Je suis fébrile,
maux de têtes, nausées. A Côte 2000 je retrouve Ronan qui se rend aisément
compte que je n’suis pas au mieux, nous sommes au KM41, il est 11h30. Il se
marre bien le frangin en me voyant dans ce piteuse état, et malgré notre
expérience mutuelle en Ultra, on se dit que c’est vraiment un sport de
couillons. Pas vraiment sûr que ça l’incite à reprendre. Des cuivres jouent « Thriller »
accompagnés par un Ours à la batterie. Je m’abreuve exagérément et m’affale
dans l’herbe avec l’envie folle de dormir. J’y succomberais une demi-heure plus
tard, plus au calme, blotti derrière un rocher à quelques encablures du sentier
balisé.
UTV – acte 3 « Le regain »
Mon retour sur les crêtes entre Villard et Lans est difficile, pesant, limite
amorphique…Mon corps n’a pas encore assimilé le concept de la journée. Des maux
de ventre me tiraillent tandis que le sentier s’avère difficilement praticable,
pas mal de cailloux, de devers. La marche prend une part prépondérante dans ma
progression. Malgré tout, ma pause méridienne porte ses fruits, peu à peu j’engrange
les bananes et regagne des points de vie. La montée du Col de l’Arc vers le pic
Saint Michel n’est pas pire. A partir de là, tout va rentrer progressivement
dans l’ordre, nous sommes au KM55, il est 14h30. Je profite à nouveau de
l’environnement, des personnes qui m’accompagnent, des points de vue à couper
le souffle, de la beauté et de la quiétude des lieux…. Enfin. En débarquant à
Lans je rejoins Ron’s et Pierrot, toujours la banane. Un réel plaisir de les
retrouver, leurs présences me rassurent, m’apaisent. Ron’s m’indique –
malicieusement - avoir réservé un resto pour 19h, une façon habile de me dire
qu’il faut que je me magne, on ne va pas y passer la journée non plus !!
UTV, acte 4
(final) « Plaisir »
Pour terminer notre menu, sur la carte, ils nous restent la Moucherotte, les
crêtes de la Molière et le fameux passage du pas de l’ours. L’ascension depuis
Lans se fait bien et la vue depuis la Moucherotte (1900) est toujours aussi
impressionnante. Un couple de coureurs s’interroge sur le nom de la ville se
trouvant en contrebas… C’est juste le bourg de Grenoble en fait !!! Nous
ne passons pas aux trois pucelles et laissons le tremplin olympique sur notre
droite. A St Nicier de Moucherotte, plus beau village de France, on admire avec
Pierrot et Ron’s les parapentes qui virevoltent délicatement dans le ciel limpide
vertacomicorien. Je me nourris avec une envie toute relative et manque de
m’étouffer en m’enfilant quelques TUCs. Les gentils bénévoles m’indiquent être
à 1h de la barrière horaire. Un rapide calcul me laisse présager d’un grand
nombre d’abandon… La toute dernière montée vers Charande emprunte l’alpage de
la Molière puis le Pas de L’ours, c’est magnifique. Nous sommes très nombreux
lors de cette ascension, énormément de relais reviennent à niveau. Je constate
que pas mal de concurrents sont au plus mal. Au hameau des Merciers, un
concurrent rejette avec force son contenu gastrique, c’est vraiment un sport de
ouf, on se met de travers sans pitié pour nos vieilles carcasses.
Au Pas de l’Ours, nous transperçons la paroi rocheuse par une brèche. Je
retrouve mon collègue marseillais d’avant la sieste. Il n’est pas au mieux,
strappé au genou par précaution. On est heureux de se retrouver, il reste 8 km
de descente. Malgré sa technicité, je me régale et prend énormément de plaisir.
J’envisage enfin le resto du frangin avec une succulente assiette de ravioles
aux cèpes… Il est 20h03 quand je passe sous l’arche d’arrivée. Une journée que
j’envisageais bien plus douce et sereine, mais c’est la beauté de ce sport.
Rien ne se passe jamais comme prévu et on ne s’en lasse pas.
Je m’allonge dans l’herbe sirotant ma bière d’après
course devant le concert de « Lazzy Moon » en personne, du
délire ! Sous la douche je retrouve bon nombre de concurrents ayant
succombé au couperet de la barrière horaire. Au final nous ne serons que 164
arrivants sur un peu moins de 400 au départ. Le dernier coureur n’est arrivé
qu’à 22h alors qu’il était prévu à 23h30, d’où les 60% d’abandon !!!
Bizarre, bizarre, l’orga va devoir revoir sa copie sur ce point. A part ce
petit point noir, rien à redire, parcours, bénévoles, 10 années d’expérience
qui sont un gage de qualité. A faire, sans aucune retenue !
Concernant mon resto et mes ravioles, l’estomac
n’était pas encore prêt, du coup « doggy bag ». Je ne m’en suis
délecté que le lendemain, elles n’en étaient que meilleures !!
Un grand merci au frangin, qui avait certainement mieux à faire que de suivre mes
pérégrinations…. J’adore ton van, vivement la prochaine virée. Et à Pierrot
d’être venu m’encourager, ça faisait un bail !!!
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