Premier Ultra, premières chaleurs !

Samedi 27 Mai - Saint Ours les roches, petite bourgade auvergnate nichée à 2 pas de la chaîne des puys.

4h45 du matin, j'avance seul sur une petite route forestière direction la salle polyvalente du village, lieu de départ de cette 3ème édition du trail des Volcans. Il fait bon et je me dis que j'aurai quand même dû vérifier les piles de ma frontale, je ne vois pas à 10m. Heureusement la lune est belle, pleine et puissante..

J'arrive au centre bourg, tout est calme, pas une âme qui vive... ça n'sent pas la grosse effervescence. Je rentre dans la salle des fêtes, une quarantaine de personnes peu bavardes, plus ou moins endormies ou simplement concentrées sont présentes. Seulement 3 féminines - Le podium est d'ores et déjà joué encore faut-il arriver au bout, pas une mince affaire.  Ambiance intimiste, ça présage de longues chevauchées solitaires.

Après le briefing, l'organisateur fait l'appel, première fois que je vois ça. je ne sais pas à ce moment précis si ça doit me rassurer ou plutôt m'inquiéter, la suite m'orientera tout naturellement sur le choix.

Départ 5h20, ce premier tronçon se déroule sans problème. Il va faire chaud dans la journée avec des températures proches du 30°. Premier Ultra, premières chaleurs, ça promet ! Je fais le choix d'envoyer pour profiter au maximum de la fraîcheur (toute relative) de l'aube. Au bout de 4km, je suis seul, étonnant, le rythme est bon mais pas démesuré. Ma tendinite me lance légèrement, douleur très supportable qui s'amenuisera avant de disparaître gentiment au fur et à mesure de ma progression.

Entre Saint-georges de Mons (km30) et Queuille (km40) je marque le pas, il fait déjà très chaud. Quelques vertiges mais l'hydratation et l'alimentation sont pour le moment bien gérées. A proximité du ravitaillement de Queuille un gars me double, son allure annihile le secret espoir que j'avais de partager avec lui 2-3 mots. Les bénévoles sont sympas, s'inquiètent de mon état (à priori légèrement défraîchi et il reste 60 bornes). Ils me rassurent en évoquant la suite du parcours, avec notamment une longue partie ombragée longeant les méandres de la Sioule... Sans aucun doute le plus beau passage.

Barrage de Queuille

La Sioule

Gour de Tazenat

A proximité de Saint Angel, 2 autres gars me doublent - Mickaël et Stéphane - un mano à mano s'engage entre nous 3. On va très bien s'entendre tout au long de notre chassée-croisée. Mickaël, un grand gaillard élancé, qui se jette plein de volonté et de courage dans son premier Ultra. Stéphane a quant à lui un fan club assez conséquent, et omniprésent sur l'ensemble du parcours. Une belle entente que ce soit côté coureurs ou côté supporters. Vers 13-14h, en sortant du Gour de Tazenat je rejoins Stéphane au ravitaillement de Charbonnières-les-Varennes, il reste 25km et nous sommes cuits. 

Je m'allonge, Caro s'occupe de mon cas limite pathologique, remplie ma poche à eau, mouille ma casquette. Mon petit démon, me lance l'idée de faire une sieste, tandis que mon ange gardien me botte les fesses pour repartir au plus vite. Aucun point d'eau supplémentaire malgré une chaleur exténuante (no comment..). Plus d'une vingtaine de kilomètres entre chaque ravito, c'est rude. Une famille au bord de la route m'encourage, la jeune fille tient un pistolet à eau... je l'invite à jouer avec moi sous le regard amusé des parents, ça me fait un bien fou. Je leur demande l'autorisation pour le tuyau d'arrossage, ils acceptent... C'est top !!!

La vue sur le versant méridional de la chaîne des puys allègent pour un court moment le poids de ma foulée. La route est longue jusqu'au volcan endormi de la louchadière. La montée du puy se fait bien et j'entame ce que je crois être la descente vers la vallée. Stupeur, Mickaël et Franck (le premier que je pensais loin devant) remontent la piste en sens inverse. Franck est au téléphone avec la direction de course qui lui indique un problème de balisage. On remonte, à nouveau, sur le flanc du volcan... Direction le cratère. Stéphane nous rejoint également, demi-tour. Il reste alors 15km à parcourir et une petite succession de puy (Louchardière, Jume et La Coquille) avant la descente finale sur Saint-Ours.

Franck reprend les rennes, une véritable machine...

Je monte avec Mickaël, Stéphane est en retrait. Je souffre toujours autant de la chaleur et la fatigue s'abat sur moi comme une masse. Une fatigue extrême, qu'il est impossible de contrer, mon petit diable s'en frotte les mains. Je m'engage dans une recherche obsessionnelle d'un petit trou de verdure à l'ombre où je pourrai me prélasser pendant quelques minutes. Le résultat final n'est plus mon objectif numéro un, je veux dormir, na!! A proximité de Jume l'endroit tant désiré apparaît enfin. je règle mon réveil sur 20' et boum, je pars dans les bras de morphée en une fraction de secondes.

Au réveil, je relance rapidement plein d'entrain. Les bienfaits de la micro-sieste, c'est quand même assez génial et sidérant. Je termine mon petit chapelet des puys et vire à droite direction la fontaine de Beauregard. 500m avant cette baignade improvisée je retrouve Caro et Titou qui court à mes côtés. Il cartonne le minot, toujours à bloc. Je ne perds plus de temps, j'ai maintenant hâte d'en finir.

Malgré un parcours semé d'embûches, avec les balises arrachées et la forte chaleur qui a stoppé bon nombre de concurrents, Je termine 4ème en 12 h 10, en parcourant plus de 105 km et 3.000 m de dénivelé positif. Satisfait, je pense déjà à mon objectif du mois d'Août, parcourir le Massif Central en empruntant le même parcours qu'un certain Thomas Lorblanchet