GRC - au sommet de ce Pech ne sachant où aller...



"Epopée Médiévale – il était une foi"

Lieu
: Carcassonne

Date : 15 octobre 2015 
Distance : 174 km 
Dénivelé : 8000 D+





Préface : Entre mythe, croyance et réalité sordide

1200 – 1300               Sombres heures de l'inquisition médiévale !!!!
Forcément, une immersion en pays Cathare ça se prépare. On lit des trucs pour s'imprégner de la puissance des lieux et on prend lentement conscience du carnage exercé sur ces terres par les croisades albigeoises. Chacune de ces pierres nous dévoilent ce passé honteux de la chrétienté, et ces combats macabres de l'église catholique contre les hérétiques Cathares ou parfaits.


Peu avant 1900          Légende ou réalité ???
Olivia, historienne à ses heures perdues et originaire des lieux m’indique que vers 1850, l'abbé Saunière aurait déniché - lors de travaux de rénovation - le soi-disant fabuleux trésor des Templiers. Sa fortune inopinée et surtout inexpliquée est empreinte a énormément de spéculation.

2012                           L’Arche contre l’apocalypse
Plus proche de nous, le Pech Bugarach (1230m), point culminant du Grand Raid, fut littéralement pris d'assaut le 21 Décembre 2012 comme étant le seul endroit permettant de survivre à l'apocalypse. Sa forme, vaguement ressemblante à l'Arche de Noé, ameuta bon nombre d'illuminés...


Récit



Fraîchement débarqué en ces terres inconnues toutes ces histoires et/ou légendes me font légèrement flipper. Pourvu qu'elles me laissent tranquille la nuit quand je serai seul, face à mes hallucinations, au fin fond des Corbières ou alors totalement congelé sur le versant nord du Pech...

La veille du Grand Raid, je fais la route depuis Tours en compagnie d'Olivia et Simon (TTT) jusqu'à Espéraza (non loin de Limoux) où vivent les parents d'Olivia. Nous sommes reçus très naturellement avec beaucoup de bienveillance à l'approche du Grand départ du lendemain. Le Sud débarque dans les papilles, le repas « homemade » est excellent – Pâté, canard, légumes et pâtes... Nous veillons peu, demain soir c'est nuit blanche. J'en profite pour remercier à nouveau Mr et Mme Martinez pour leur hospitalité, je reviendrai sans aucun doute !!!




15h, place du Prado dominant la vallée de l'Aude, la cité médiévale en toile de fond, notre épopée peut désormais voir le jour. 150 âmes prennent le départ de cette première édition du Grand Raid Cathare (174km – 8000 D+)... Excitation d'un premier rendez-vous régulièrement riche en surprises.

La mise dans le bain est plutôt rude et les premières foulées poussives. Cette moyenne montagne nous offre ses premiers singles, sur un sol sec alimenté par un climat méditerranéen des plus agréables. Les sentiers jouent les montagnes russes et tandis que les militaires nous attendent bien sagement (toujours en rang les militaires) au lac de Cavayère, une crampe poignante au mollet droit me fige littéralement.... étonnant, nous ne sommes pourtant qu'au 30éme.

Puis la progression suit son cours, tandis qu'un groupe de leaders caracolent en tête (à vue de nez une vingtaine de bons hommes), je me cale tranquillement sur un rythme de sénateurs. Je m'alimente difficilement, conséquence de quoi je bois énormément en attendant que mon estomac se détende.


Il est 21h, la base de vie de château d’Arques stoppe pour quelques minutes ma progression vers le Sud. Monument de plaine admirable avec un donjon carré intact cantonné de 4 tourelles. Physiquement, ça ne va pas trop mal et je m’octroie quelques minutes de repos… Mon souhait le plus cher à ce moment, et dont je rêve depuis quelques heures déjà, est simplement de souhaiter une très bonne nuit à Caro et Titou restés sur Vallères. Me dynamiser le mental, les rassurer et m’apaiser avant cette nuit qui s’avèrera très difficile. Je dégaine mon portable et patatra, rien, pas de réseau, tout s’écroule. Je repars groggi, proche du KnockOut en laissant un malheureux SMS qui mettra le temps qu’il voudra à se frayer un chemin dans ce piètre réseau audois.

Il est environ 1h du matin, La température est confortable et le château de PeyrePertuse situé sur une crête rocheuse a de quoi impressionner... Malheureusement,  l'ascension de la « Carcassonne Céleste » se fera de nuit. Malgré tout, l'inaccessible citadelle, qui ne connut jamais d'assaillants, marque inévitablement l'esprit et le corps avec ces 800m de D+ en 2km. Une énorme claque qu'il va falloir encaisser... La pente est impressionnante et me rappelle la terrible montée de Rioupéroux sur l’UT4M. Je suis le roseau qui se plie mais jamais ne rompt. Au sommet, je m’octroie quelques minutes de repos face à ces remparts soigneusement accrochés en haut des à-pics.




Nous sommes au kilomètre 80 et bon nombre de conquérants anéantis baisse déjà les armes.
 

Mais le meilleur reste à venir, et en dépit d’une faible altitude, le Pech de Bugarach s’annonce comme le moment fort de cette aventure. Tout en gravissant ses impressionnantes murailles, le froid et la brume matinale prennent peu à peu possession du rafiot. Les rubalises se font la malle et je tourne en rond, seul et perdu sur ces crêtes acérées. Mes membres s’engourdissent, le froid sévit chaque partie de mon corps. Enfin, 2 gus me rejoignent dans la tourmente, nous sommes frigorifiés au sommet de ce Pech ne sachant où aller. Derrière chaque porte de sortie potentielle, un précipice nous ramène à notre triste sort.
Malgré l'opacité de ce foutu brouillard qui me grille le sonar, une balise GRC ose enfin se dévoiler. Nous redescendons trempés jusqu’aux os, des cristaux dans les cheveux. La bataille est rude et le coup de grâce ne se fait pas attendre... Le panneau « Pech de Bugarach », vu 3 quarts d’heure auparavant, nous explose à nouveau la rétine. Il est 6h du mat’, nous nous recroquevillons tous les 3 sur l’herbe à l’abri du vent.

Après quelques prières, (2 pater et 3 je vous salue Marie), l’homme providentiel, débarque de je ne sais où. Il met fin à ce calvaire et nous trace le chemin avec une clairvoyance ahurissante. Dans la descente vers Sougraigne je suis en vrac, nauséeux. Quelques hectomètres plus loin, les vomissements marquent la fin de cette épreuve. Les premiers rayons arrivent à point nommé, la page se tourne, une nouvelle course débute…

Au ravito, il me reste environ 60km, j’ai faim (c’est assez rare pour le signaler)… et je me régale. Il est 9h, toujours cette idée fixe, appeler pour donner des news, mais toujours rien, macache, oualou.

Une nouvelle déconvenue m’attend au détour d’un chemin emprunté par erreur. En faisant demi-tour, vlan, une racine me fracasse contre le sol. Le genou est légèrement esquinté et je vérifie que rien ne soit endommagé dans le sac. Cette pelle a pour conséquence de me bloquer 2, 3 fois le genou droit, avec la petite souffrance qui va autour, au point de prendre le wiko pour avertir Caro que je jette l’éponge. La couverture quasi nulle joue alors en ma faveur et je me traîne bon an mal an jusqu’à la base de vie d’Arques.

11h
- En entrant on m’indique en 9ème position… surpris et ravi, je remarque que 2 concurrents sont également présents dans cette ancienne maison forte. Il n’en fallait pas plus pour me rebooster, pourvu que le genou tienne.

Cette nouvelle journée est chaude et ensoleillée, ça roule de nouveau et je reviens rapidement sur mes devanciers. L’utilité des bâtons sur ce type de profil est indéniable, le mental prend également un part prédominante et semble ignorer ce genou récalcitrant qui ne cesse de gonfler.

A Villefloure, je suis 6ème, voilà que je gagne des places sans doubler, l’écrémage se fait par l’avant. 2 militaires proposent alors de me suivre jusqu’à la cité. J’accepte avec plaisir la compagnie de ces inattendus pacers pour ces 20 derniers kilomètres, nickel !

Nous sommes sur leur terrain d’entrainement et ça se voit. Tandis que la pénombre s’abat sur nous, ils me gravitent autour sans lumières avec une aisance et une habileté déconcertante.

A 3 bornes de l’arrivée, un gars, tout en s’excusant de le faire, me dépose proprement et sans sommation. Un peu énervant sur le coup, je vous en conjure, mais en y regardant de plus près il me reprend 1h30 en un peu plus de 50 km. Dans l’impossibilité de lutter, je m’incline humblement.

Epilogue


Enfin, j’aperçois les remparts… je remercie mes pacers pour ce beau moment de partage.
Je valide mon objectif de moins de 30 heures en ne rêvant que d’un coup de fil, d’une douche et dans bon plumard dans le dortoir de l’abbaye… et là un photographe se jette sur moi, m’indique que je dois poser pour la photo finisher, immortaliser cet instant solennel. Prise de conscience, c’est maintenant que tout se joue, je n’ai plus le droit à l’erreur. Je tente te soutirer maladroitement un sourire, qu’il soit le plus naturel possible… et blah, une belle tête de simplet, une vraie tête de winner. Naze, je ne pouvais pas faire mieux !!!!


Conclusion

Un parcours intéressant avec un dénivelé suffisant et vraiment cassant. Une belle fête et je constate, une fois de plus, qu’on ne retrouve que des gens biens en tant que bénévoles. Merci à eux.
Si j’avais 2 petites suggestions à faire à l’organisation je dirai que décaler l’heure de départ serait judicieux, pour passer les 2 plus beaux sites de jour. Et surbaliser les endroits critiques… On ne sait jamais si le brouillard s’en mêle...

Commentaires

  1. Encore bravo pour cet exploit !
    y'a pas à dire, t'es vraiment un champion.
    comment fais tu pour finir en moins de 30h avec : des vomissements, des nausées, des gamelles, des pertes d'itinéraires et un genou en vrac à la moitié du parcours...
    Allez, dis le, tu lévites ?!

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