Euskal Trail, L'ultra sous l'eau...



130 km - 7500 d+
Saint Etienne de Baigorry
15 au 17 mai 2015
400 partants
6 arrivants

Conditions climatiques : Vent violent, froid glacial, brouillard épais et pluie incessante

Une édition dantesque

  1. De retour au pays basque

    Après 2008 et 2009, nouveau retour dans ce pays basque que j’apprécie tant… Paysages hauts en couleur (surtout en vert, omniprésent en toile de fond), la sympathie de ses habitants, la gastronomie et ses vignobles dont il ne faut dire aucun mal. D’ailleurs à y regarder de plus près les contours d’Euskal Herria (Pays basque) sont très similaires à une autre contrée bien connue.


    Nouvel objectif donc cette année avec l’Ultra solo… Appuyé par le beau-frère j’enrôle sans mal 2 amis, Brice et Béber, dans cette belle aventure. Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seul, le frangin décide de le faire en duo avec Manu pour sa préparation UT4M : le weekend s’annonce festif.

  2. Le briefing.

    Le briefing de la veille me conforte dans le fait de ne pas partir trop chargé avec l’annonce d’une météo convenable. Annonce en complète contradiction avec les bulletins météo France des dernières heures, bizarre !!!!!!!!!!!

  3. 6h du mat’, le départ.

    Départ matinal du VVF idéalement placé à environ 300m du départ, en catimini pour ne pas réveiller les enfants. Localisation parfaite pour les coureurs, un peu moins pour nos accompagnants qui profiteront du feu d’artifice dès 6h. Alors dans l’aire de départ, j’aperçois le sympathique Benos, kikoureur et crossfiteur cow-lectionneur amateur de ces efforts au long cours. Les premières bourrasques font leur apparition nous laissant dubitatifs et hésitant à l’idée de prendre le départ. Si seulement nous savions !!!
    6h, Pim ! Pam ! Poum ! Tandis que les premiers pétards font trembler les murs du VVF, la musique rythme nos premières foulées. Pas mal de monde malgré la pluie et les parents pourtant présents que nous ne voyons pas… dommage, rendez-vous donc aux Aldudes ! Le profil est vraiment très intéressant avec ces montées/descentes jamais trop longues, ces parties souples en sous-bois, ces panoramas, ces collines toutes en rondeur, ces petits villages encaissés. La faune également caractéristique avec les pottocks et les manechs à tête noire. Toutes ces idées qui me traversent l’esprit et me laisse espérer une journée mémorable. J’indique à Brice et Béber que sur ce type d’épreuve on finit toujours par partir trop vite. Ils acquiescent à cette réflexion hautement philosophique et j’en profite pour me faire la belle ! Débile, je vous l’accorde… La route est large dans un premier temps et le dépassement aisé, j’en profite.

  4. Une première partie sans difficulté.
    Malgré la pluie, cette première ascension et le passage au CP1 (41ème) se fait tranquillement en prenant le temps d’apprécier le paysage encore dégagé. Par contre, le vent est d’une violence à décorner un manech et je trouve ça plutôt rigolo de voir les coureurs se décaler de concert sous la puissance des bourrasques. Ça pique même un peu donnant l’impression que la grêle fait, elle aussi, son apparition. La descente sur l’autre versant avec ces énormes lacets nous offre une relance en douceur à l’abri du vent. Les kilomètres s’enchainent paisiblement.
    La montée d’Iparla par sa cheminée est mémorable, les genoux y taquinent nos chicots tant la pente est raide… raide mais finalement assez rapide. Les 30km approchent et pas de problème gastrique, au contraire, je consomme énormément et sans difficulté, ça change. La pluie et le vent incessant maintiennent eux aussi leur effort, surtout ne rien lâcher.

  5. Les Aldudes.

    Arrivée aux Aldudes vers 12h45 (34ème), c’est la folie, les gens font la Ola sous les acclamations du public, enfin ne vous y trompez pas… il s’agit de la famille venue en masse pour nous encourager, quel bonheur de les voir en super forme en plus ! Tous ces visages souriants, les encouragements des proches et la danse frénétique des minettes me rebooste pour la suite…
    Je repars serein avec cette phrase très encourageante de Titou :
    Il marche Papa, il marche !
    préférée aujourd’hui au
    Il court Papa, il court !
    d’hier.

  6. Le shuntage d’Adi et la descente Intervillesque sur Urepel.
    A proximité d’Adi on commence à prendre réellement conscience des conditions climatiques exécrables.
    Un bénévole me lance :
    Pas de montée sur Adi, on l’a shunté ce matin suite au passage du 2*40kms. Résultat, un bus entier d’abandons.
    Vous prenez le GR en contrebas…

    Cette décision me réconforte, on sent une organisation prévenante et prête à agir au cas où !! La pluie commence insidieusement à me caresser l’échine.
    Athlétique, technique, glissante sont les quelques qualificatifs choisis pour représenter la descente sur Urepel. Une grande glissade collective et 2 agressions successives qui auraient mérité (selon Michel Vautrot) une expulsion nette et sans bavure. 2 tacles par derrière bien appuyés, coup sur coup et par le même homme en plus !!! honteux…


    17h15. Quel plaisir d’atteindre enfin Urepel (26ème), la même ferveur familiale, ce plaisir bref et partagé avec en prime les retrouvailles tant attendues avec mon sac de vie. Changement de tenue intégral à part la veste GORETEX que maman tente désespérément de sécher, en vain !!!

  7. Exposé aux 4 vents, des bénévoles aux petits soins.

    Je profite des quelques hectomètres de plat du chemin de St Jacques de Compostelle entre Burguete et Roncevaux pour prendre un peu d’allure et engranger quelques places.
    La section suivante (entre Roncevaux et Arnéguy) est la plus difficile du parcours. La nuit prend possession des lieux entrainant avec elle le froid (ressenti de -10 selon la presse locale), le brouillard et le vent. Seul sur ces longues portions exposées, l’objectif n’est plus de rallier St Etienne de Baïgorry mais simplement de parvenir au prochain ravito sans encombre. Une fois cet objectif atteint, la chaleur, l'atmosphère rassurante qu’on y trouve fait de gros dégâts… le breton grelottant à mes côtés y déposera d'ailleurs les armes.
    Voyant mon état, un bénévole me prend en charge sans tarder en me frictionnant énergiquement les mains et les cuisses. Malgré sa bienveillance je me dois de repartir dans l’urgence sans quoi c’est le bus assuré.

  8. Arnéguy et fin de course
    8 petits kilomètres me séparent d’Arnéguy et malgré la proximité c’est un véritable calvaire. Il est bientôt minuit et l’énergie me permettant de lutter contre le froid s’amenuise. Je suis épuisé et transi de froid, je tente de rester éveiller malgré l’envie soudaine de baisser les persiennes.

    Le trinquet d’Arnéguy marquera la fin de course (23ème). A peine débarqué on m’annonce pas mal de choses :
    Toutes les balises sur le dernier col (Adarza) se sont envolées
    Une trentaine d’hypothermies ont déjà été constatées
    Les premiers se sont perdus à cause du brouillard et du manque de balisage
    La course est momentanément arrêtée


    Puis ¼ d’heure plus tard
    Arrêt de la course

    Je dois encore avoir une sale tête, car un nouveau bénévole (vraiment sympas ces basques) me dessape (en tout bien tout honneur) et me file un T-Shirt et une veste, avec la couverture de survie je suis aux anges sur mon lit de camp. Après quelques minutes de repos, j’échange quelques coups de pala avec les bénévoles, histoire de me réchauffer avant de repartir au VVF, en voiture de bénévole amoureux de ces vignobles.
  9. Epilogue

    Malgré la frustration très personnelle que l’on peut ressentir de ne pas avoir franchi la finish line, je salue la décision (largement justifiée) de l’organisation. Bravo !

Remerciements

Evidemment toute la famille largement représentée malgré la météo, un grand merci à tous !
Les 2 bénévoles qui ont pris du temps pour me remettre d’aplomb dans ces moments difficiles…
Petit clin d’œil à Nico, finisher (lui…) émérite de l’édition 2009 de l’Euskal trail. Le magnifique maillot kaki restera cette année encore bien au chaud sur tes épaules…

Félicitations

A Brice et Béber pour leur première virée dans l’ultra fond de plus de 100 bornes (enfin normalement…)
A Ron’s et Manu pour leur aisance incomparable sur ce parcours au combien exigeant.

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