Ehunmilak 2010
Date : 16 Juillet 2010
Distance : 167 km
Dénivelé : 11.500m D+
Pourquoi
l’Ehunmilak ?
Au
détour d’un mail Pascal m’en parle. Certains forums annoncant cette course
parlent de surenchère de l’ultrafond, imaginez 167 km et 11500 de D+ en
48h, les basques ont décidé de frapper fort et pour moi pas de doute, j’y serai….
Arrivée
avec les parents dès le mercredi 14, je décide de me prendre en main, plus
d’excés juqu’au jour J mise à part l’omelette aux cèpes la veille de la course.
Mon staff est aux petits soins pour moi et me propose tout un tas de trucs bizarres
permettant d’accroître mon potentiel. Alors j’essaye, je teste… il y a eu le
power balance (http://www.powerbalance.com/france/),
rien de magique pour moi et suite à quelques vertiges j’abdique. Puis le Goji,
considéré par plusieurs chercheurs comme étant le fruit le plus nutritif au
monde et possédant les meilleures propriétés antioxydantes. A ceci j’ajoute les
massages d’avant-course, la préparation de pieds, le strapping sur le dos. Ils
se plient vraiment en 4 pour moi, et même quand A.Schleck annonce qu’il
attaquerait Contador, et bien, le padré me laisse bien volontiers squatter la
chambre (et donc la télé) pour une sieste.
La course
Départ
à 18h pour les 320 engagés, remonté comme un coucou, je pars relativement
rapidement dans la première côte, le terrain est humide et la première descente
s’avère glissante à souhait. A peine 10km d’avalé, chute, d’ailleurs ce sera la
seule. Mandubia est vite atteint, je retrouve les parents, tout va bien je
m’amuse énormément, les sentiers sont très ludiques, je pointe en onzième
position. Papa me souhaite une bonne nuit, mais c’est une feinte, car je les
retrouverai à Zumarraga au km 20. Les premiers cols s’enchainent et la nuit
commence à tomber, je tente alors un petit gel… et là, comme je le présageais
depuis quelques temps, rien à faire, écoeurement dès la première gorgée. Ma
douzaine de gels resteront au fond du sac et je mise dorénavant sur les fruits
secs (raisins, abricots, noix…) et surtout mes graines de Goji. La nuit avance
tranquillement, la pluie et le brouillard jouent les gardes du corps. Joao le
portugais me rejoint, nous faisons un long chemin ensemble. Malgré toute sa
sympathie, j’avoue préférer courir seul. Déjà ressenti depuis plusieurs km,
c’est dans la montée avant Tolosa que s’accentue la douleur au ventre habituel,
pas d’inquiétude à ce sujet, je m’arrête pour vomir, la première base de vie
n’est plus très loin, j’en profiterai pour recharger les batteries.

Tolosa
– km 78 – samedi 6h - j’entre dans les gymnases
sous les applaudissements fournis des nombreux bénévoles, on m’annonce 17 ème,
c cool. Complétement trempé, je me nettoie les jambes, nouvelles chaussettes
ensuite direction la cantine, au menu ce matin riz, saucisson, fromages, coca
et soupe. 20 mn plus tard je repars, Joao me dépasse en m’invitant à le suivre,
je n’en ferai rien… je préfère me réserver pour la suite. Avant l’ascension du
Txindoki – km 95 - je retrouve les parents sur le parking, la fatigue commence
à se faire sentir et il reste 70 kilomètres à couvrir. Pas mal de randonneurs
sur cette partie, le Txindoki (1346m) de part son image facilement
reconnaissable est devenue le symbole de la vallée Goierri. La première partie
de cette ascension est relativement sauvage. La seconde partie que nous devons
parcourir en aller-retour, jusqu’au pointage au sommet, est entièrement nue. Je
croise Joao dans la montée. Au sommet les pointeurs m’annonce le portugais en
grosse défaillance, je le reprendrai rapidement dans la descente que la pluie a
rendu très périlleuse. Le Ganbo (1402
m ) succède au Txindoki, cette partie sera sans doute la
plus agréable du parcours de part ces paysages, ça devait sans doute
correspondre avec l’apparition poussive de quelques rayons de soleil. Nous
gambadions alors au milieu de vertes vallées sans trace avec simplement le
balisage judicieusement parsemé, d’ailleurs parfait ce balisage même la nuit.
Lizarrusti
- km 115 – Partie du parcours reconnue avec les parents la veille avec
notamment le lac de barrage de Lareo. La sieste initialement prévue à cet
endroit attendra, il continue à pleuvoir. Soupe, café, bananes et ça repart.
Etxegarrate
– km 130 – samedi 16h40 - seconde base de vie, j’ai les pieds flétris et décide
de changer chaussettes et chaussures, mauvaise pioche !!!
Comme
je suis un assidu du road-book, je me voyais déjà rendu à Beasain pleurant à
chaudes larmes dans les bras des parents. Et bien non, perdu !!!! J’en avais
oublié un et de taille, le plus gros en fait, l’Aizkorri (1528 m ). C’est simplement le
lieu de la 1ère étape du "WORLD SERIES
Skyrunner" 2010… autant dire du lourd. Fraîchement débarqué la gueule en
friche, je scotche littéralement à la paroi, sans aucun doute le moment le plus
difficile de la course. Il reste 20
km de course et encore une bien belle surprise.

Elle se situe à Mutiloa – km 158 – samedi
22h48 – D’abord j’y retrouve mon staff, les sourires sont de rigueur, on le
sait d’ors-et-déjà, il reste moins de 10km, c’est gagné… mais surtout une
ovation inoubliable quand je rentre dans le trinquet servant de ravito, j’y
suis resté environ 5’ ,
les quelques 40 bénévoles présents ne cessent de m’applaudir, de m’encourager,
rien que d’y penser je ressens encore cette vive émotion. C’est certainement ce
moment là qui primera sur tous les autres que je repenserai à cet Ehunmilak,
énorme. Que j’aime les basques !!!
La fin est longue, les jambes sont lourdes
et me font mal dorénavant. Les hallucinations se succèdent et le changement de
chaussures entraine une vive douleur au pied, perte d’ongle imminente. Beasain,
enfin, il est 0h41, je franchis la ligne d’arrivée, je suis classé 13. L’un des
frères Gibb (Bee-Gees) me remet le diplôme, coup de fil à ma douce,
« surtout ne te fais plus de soucis, dors sereinement, j’y suis
arrivé ».
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