Diagonale des fous 2005
Lieu : L'île de la réunion
Date : 21, 22, 23 octobre 2005
Distance : 140 km
Dénivelé : 8000 D+
Voici comment cette
folle aventure a vue le jour. Pascal a eu la lumineuse idée, en cet an de grâce
2005, de monter un comité sportif au sein du boulot ayant pour but de réunir
les personnes désireuses de se surpasser dans des épreuves pour le moins
sportives. Le comité sportif a donc mis au point un calendrier avec 4 dates,
allant de la simple rando-découverte à ce défi de débile qu’est la diagonale
des fous. Au termes de ces différentes épreuves, telles que, les gendarmes et
les voleurs de temps, le trophée Desman, une équipe de 3 personnes se met en
place pour tenter ce challenge réunionais (Pascal, Raphaël et votre narrateur).
Nous débarquons à St Denis 3 jours avant le jour j, histoire
de se reposer un maximum et de repérer quelques tronçons du parcours. Nous nous
installons à Cilaos, de là nous pouvons comtempler la célèbre descente de
Kervéguen, le piton des neiges et le col du Taïbit.
Saint Philippe Cap Méchant, ville située a l'extrême sud de
l'île, c’est de là que sera donné le départ de la diagonale des fous édition
2005. Tout d'abord quelques chiffres: 2091 participants, 140 km, 8450 m
dénivelé positif, une traversée complète de l'île de part et d'autre avec à la
clé des sommets ou chemins aux noms évocateurs - route du volcan - Piton Textor
- mare a boue - Col du Taïbit - crête des Orangers - rivière des galets - deux
bras - Dos d'âne - Piton fougère - Colorado..., heure de départ vendredi 2h00
du matin, heure d'arrivée maximum dimanche 16h, soit 62 h de course autorisé. C’est
dans l’après-midi que nous avons finalisé le contenu de nos sacs (couverture de
survie, sifflet, nourriture énergétique, vêtements de pluie et de rechange, la
frontale, élasto pour strapping...) en essayant de les alléger au maximum.
Après une dernière vérification des sacs faite par l’organisation nous entrons
enfin dans le stade de départ. Sur le podium s’enchaîne divers groupes de
musiques reggae et animateurs chargés d'instiller une ambiance festive à
l'évènement. Le résultat est plutôt réussi, l'ambiance est bon enfant. Le
pression commence à se faire sentir, nous prenons 2/3 photos histoire
d’immortaliser ce merveilleux moment. Toutes les questions que l’on se pose
depuis un certain temps (le sommeil, la diététique, la gestion de l’effort, le
mental) vont bientôt avoir des réponses.
Le départ est donné avec
deux minutes d'avance, c’est légèrement la bousculade, on décide de partir tous
les 3 à la même allure. Le flot de lampions s'étire tel un mille patte lumineux
dans les rues de St Philippe, c’est impressionnant, j’en ai la chair de poule.
Après quelques kilomètres de plat, on monte par la route forestière en gardant
bien à l’esprit que cette montée durera 25 km et nous mènera de 0 à 2400 m
d’altitude. Après quelques km, me sentant bien, j’accélère le rythme, c’est là
que Pascal me demande de partir seul, ce que je m’exécute à faire. C’est la fin
de la course d’équipe. La route forestière est longue de 13 km avant de prendre
un chemin où il est impossible de doubler jusqu’au piton de la fournaise, je
tente de garder une bonne allure pour me placer avant les inéluctables
entonnoirs,
Dans la descente de Kervéguen, ça repart comme en 40, je
m’amuse comme un petit fou avec ces échelles. Et c’est alors que Wonderwoman en
personne m’a littéralement laissé sur place, piqué dans mon orgueil, je décide
de recoller à ses basques, je la cherche encore….
Arrivée à Cilaos, un
massage, par chance il y a une table de vide, je change ensuite de chaussettes
et de T-shirt. Et c’est là que je croise la femme de François. François est un
homme de 71 ans qui a décidé, pour mettre un terme à sa longue carrière de
coureurs à pieds, de faire la diagonale des fous. Nous avons rencontré ce
charmant couple aux chambres d’hôtes à Saint Joseph, la veille de la course. Je
lui demande si elle est au courant de la course des autres, elle me dit que
Raphaël n’est pas loin derrière et que Pascal a eut un gros coup de barre dans
la montée du volcan. Je me dis que la route est longue et qu’il aura bien le
temps de se refaire, courage… je prends ensuite un repas chaud en expliquant à
un métro qui a fait l’UTMB que le plus dur reste à venir, je crois qu’il est
toujours à Cilaos!!!
Après ¾ d’heure d’arrêt, je pars à l’assaut du Taïbit (+1300
dénivelé), avec un ascendant psychologique car c’est la partie que nous avons
repéré 3 jours auparavant. La montée se passe bien et se dévoile plutôt
agréable avec un petit thé offert à mi-ascension. Arrivée au col je rencontre
Daniel, métropolitain qui est installé à la réunion depuis 4 ans, il me propose
gentillement de faire un bout de chemin en sa compagnie. J’ai peur de ne
pouvoir suivre mais j’accepte. On arrive à Marla à la tombée de la nuit, avec
la satisfaction d’avoir fait la descente du Taïbit de jour.
La traversée du cirque de Mafate se fera donc de nuit.
Arrivée à Roche plate on rencontre Didier, c’est un IronMan que l’on invite à
nous suivre. Faire la course en groupe, c’est vraiment sympa, chacun se
présente, on parle de notre vie, de nos passe-temps, en bref de tout sauf de la
course. Tant et si bien que ça passe très vite. Ouahhh, je commence à avoir
l’intérieur de mes cuisses très irrités dut au frottement de la culotte
intégré. A l’école des Orangers je m’arrête voir un médecin qui me met de la
biafine, c’est pas terrible alors il me fait un strap autour de la cuisse avec
compresses, je crois que là c’était pire que tout et enfin, l’idée de génie, il
découpe mon slip au ciseaux, c’était vraiment la seule chose à faire. Ça
faisait longtemps que je ne m’étais pas senti aussi à l’aise, forçément. La
nuit se prolonge sans encombres.
Nous voici à Deux-bras,
le second gros ravitaillement après Cilaos, révision complète de la bécane:
massages, repas chaud, visite du kiné. Je commence à avoir très mal au pied
gauche, c’est terrible, j’en parle aux kinés qui me dit que c’est comme je le
sens, du coup pas de strap pour le moment. Je n’en parle pas à mes 2 acolytes,
on doit finir ensemble et je ne veux pas leur faire perdre de temps. Il reste
30 km pendant lesquels cette douleur ne me lâchera plus. Bien que ne sentant
pas la fatigue je me décide à prendre un Guronsan gracieusement offert par
Daniel. Si bel et si bien que la montée sur Dos D’âne, dont j’avais une peur
bleue, s’est faite sans grande difficulté, je crois même que l’on balançait
blague sur blague. 2 copains à Daniel nous ont rejoint pour faire l’ascension
de Dos d’âne, il devait être 4h30 - 5h00 du matin, ces mecs sont malades, se
lever aussi tôt pour se faire Dos d’âne. En haut, la femme de Daniel nous
rejoint pour finir jusqu’à la Redoute. Durant ce dernier tronçon, on lâche les
chevaux, et on double pas mal de monde, dont Margot Hoarau la réunionaise (5ème
féminine, 3ème V1F), la bretonne Katell Korne (6ème
féminine) qui avait peur que la femme de Daniel ait un dossard. A Colorado, on
se lance le défi de descendre sous les 31 heures.
Puis La Redoute, enfin, objectif atteint, on fête ça avec
Daniel et Didier, Une tournée de Dodo (la dodo léla, c’est la bière locale)
chacun. Après quoi, je vais me faire un strap à la cheville, résultat tendinite
du releveur, un massage, signature du bandeau géant (30h45mn45s temps limite
62h, 105eme sur 1380 finishers, 2100 inscrits). et direction le dortoir.
Pour conclure, course magnifique, rencontres inoubliables, des bénévoles
survoltés, un public très enthousiastes, sans aucun doute à refaire…
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